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18 mai 2012 à 05:26

ZIDANE, BLANC, WENGER: LES EXPERTS

ZINÉDINE ZIDANE, ARSÈNE WENGER ET LAURENT BLANC. UN CASTING DE RÊVE. A GENÈVE, COMME DANS UN FILM, SPORT & STYLE ET LA MAISON HORLOGÈRE IWC ONT RÉUNI CES TROIS LÉGENDES DU FOOT FRANÇAIS. L’IDÉE ?

 

STOPPER LE TEMPS POUR PARLER DU JEU, DE L’AMITIÉ, DES BLEUS, DE LA VIE EN SOMME

 Comme des gamins, ils placent les joueurs sur le tapis de jeu. Sur cette pelouse miniature, l’équipe de France de 1998 est prête à affronter le Brésil. Les footballeurs ne mesurent que quelques centimètres. Leur maillot est peint et leur corps collé sur des socles sphériques. On voulait absolument faire jouer Arsène Wenger, Laurent Blanc et Zinédine Zidane au Subbuteo, ce jeu de plateau dédié au football qui a marqué des générations de garçons dans les années 70 et 80.

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Ce matin-là, dans les salons feutrés de l’hôtel genevois Le Richemond, la machine à remonter le temps fonctionne à plein régime. En marge du Salon international de la Haute Horlogerie, où ce trio de choc se rend en pèlerinage chaque année sous les auspices de la maison IWC, ces trois monstres sacrés ont accepté l’invitation de Sport & Style. Attiré comme un aimant par ce jeu aux saveurs de madeleine, Laurent Blanc s’amuse à mimer les sélectionneurs brésiliens. En deux temps et trois mouvements, il recompose – sourire en coin – la stratégie de jeu auriverde : un gardien de but, un défenseur et neuf joueurs en attaque. Arsène Wenger éclate de rire. Et se met en tête de reconstituer illico le schéma tactique de cette équipe de France de culbutos. Le manager d’Arsenal fait alors le choix de la sûreté : un gardien de but, neuf défenseurs et un seul attaquant. Fou rire général. 
« Le gars tout seul en attaque, c’est Karim Benzema »
, glisse Laurent Blanc. « On va avoir besoin de lui pour marquer des buts. En même temps, seul devant, ça ne va pas être coton. C’est ce qu’on pourrait appeler la grande solitude moderne de l’attaquant de pointe. » Un peu à l’écart, comme toujours, Zinédine Zidane ne dit rien, comme s’il revivait intérieurement la finale de 1998. Il observe Arsène et Laurent d’un œil bienveillant, presque distant. Sa main se pose sur la table délicatement, comme s’il voulait s’assurer de sa réalité, toucher du bois, caresser cette fausse pelouse qui le renvoie à son enfance quand il ne jouait que sur des terrains en terre stabilisée des quartiers nord de Marseille. Il prend alors un petit joueur dans sa main et s’empare du ballon, pas plus gros qu’une bille. Coup franc pour les Bleus. Zizou est toujours silencieux. Tout le monde s’est arrêté de parler. Ses yeux se fixent sur la balle et le but adverse. En face, le gardien est immobile, aussi imperturbable qu’un soldat de plomb. D’une pichenette, Zizou propulse le petit ballon dans les filets avec tellement de force que la cage tombe par terre. Laurent Blanc et Arsène Wenger se regardent d’un air entendu. Un à zéro pour l’équipe de France. Zizou se marre. Fou rire, encore.                                                                                                                                                       

 

LE JEU...

Laurent Blanc : En ce moment, je préférerais jouer contre le Brésil plutôt qu’affronter l’Espagne.

Zinédine Zidane : Oui, je suis d’accord. Si les Brésiliens semblent en baisse de régime depuis plusieurs années, c’est qu’ils n’ont pas encore trouvé l’entraîneur adéquat, quelqu’un de fort, quelqu’un qui sache réellement leur parler, les motiver.

Arsène Wenger : Avec les Brésiliens, on revient pourtant à l’essence même du football : le jeu. Car, oui, le foot reste et demeure avant toute chose un jeu. Personnellement, j’ai des petits marqueurs secrets qui me permettent de savoir si une séance d’entraînement s’est bien passée ou non. Je me mets un peu à l’écart et je regarde les joueurs. Si je vois qu’ils jouent, au sens littéral du terme, c’est-à-dire qu’ils prennent du plaisir, je sais que c’est gagné.

Il faut que les joueurs apprennent à reprendre du plaisir sur le terrain, à retrouver le goût simple du jeu... Le plaisir, le jeu, cela va ensemble.  LAURENT BLAN C

Z. Z. : Le problème, Arsène – et je suis bien placé pour en parler –, c’est que tu ne rigoles pas tous les jours quand tu es professionnel. Il y a les entraînements, les déplacements, les mises au vert, les matchs, toutes ces contraintes que l’on doit accepter. Et là, on ne parle plus de jeu. Le risque dans le professionnalisme, c’est justement de perdre cette part de jeu. Et donc de perdre ou de laisser en chemin l’instinct et la créativité. C’est, à mon avis, la raison pour laquelle il n’y a quasiment plus de n°10 aujourd’hui. On ne voit plus, ou très rarement, du beau jeu. C’est costaud, physique mais on s’ennuie un peu. Il n’y a pas de passes, pas de dribbles et moins de spectacle. Donc moins de plaisir...

L. B. : Oui, mais le secret de la réussite est peut-être là. Il faut que les joueurs apprennent à reprendre du plaisir sur le terrain, à retrouver le goût simple du jeu. C’est vrai pour les matchs de l’équipe de France, mais c’est aussi vrai dans leur club. Le plaisir, le jeu, ça va ensemble.

A. W. : Pas faux. Pour enchaîner sur l’équipe de France, le crédit que je donne aux Bleus, c’est qu’ils n’ont pas encore joué sur une vraie pelouse. Celle du Subbuteo est parfaite, mais elle est fausse ! C’est difficile de bien jouer sur une mauvaise pelouse, ça nivelle par le bas. Il y a quelque chose qu’on néglige souvent dans le football moderne, c’est justement la qualité des pelouses. À Arsenal, par exemple, on change le gazon des terrains d’entraînement tous les 10 ou 11 mois, toutes les saisons en fait. C’est essentiel, sinon la pelouse s’épuise. Et les joueurs ne peuvent plus s’exprimer à 100 % de leur talent. 

Ma première montre ? Je l’ai perdue mais, le même jour, j’ai trouvé ma femme ! Je me souviens même du jour exact : c’était le 6 février 1991. Ce jour-là, il neigeait à Cannes. ZINEDINE ZIDANE

LE TEMPS...

Difficile de ne pas parler de montres quand on est à Genève, capitale mondiale de l’horlogerie. Comme tous les hommes, Arsène Wenger, Laurent Blanc et Zinédine Zidane, ambassadeur de la marque IWC, ont un rapport particulier au temps. La preuve.

A. W. : J’aime les montres, mais sans excès. C’est bien le seul bijou de l’homme finalement. Je me souviens très bien de ma première montre. Je viens d’un milieu très catholique et c’est mon parrain qui me l’avait offerte lors de ma première communion, en 1963. C’était une LIP automatique. Je l’ai perdue quand j’avais 27 ou 28 ans. Je dois avouer que c’est l’un des grands regrets de ma vie. Je sais que LIP existe encore, la marque a été ressuscitée. J’aimerais bien savoir s’ils commercialisent encore ce modèle-là.

Z. Z. : Ma première montre ? Je l’ai perdue mais, le même jour, j’ai trouvé ma femme ! Je me souviens même du jour exact : c’était le 6 février 1991. Ce jour-là, il neigeait à Cannes, ce qui n’arrive pas tous les quatre matins. Je faisais l’imbécile dans la neige avec des amis et j’ai perdu ma montre. Et c’est ce même jour que j’ai rencontré la jeune fille qui est aujourd’hui ma femme. Une montre pour un homme, c’est comme une paire de chaussures ou un sac pour une femme. Il y a un truc un peu irrationnel autour de cet objet. Au cours de ma carrière, j’ai toujours été attiré par les belles montres, mais je ne suis pas un collectionneur comme Lolo. Personnellement, je les aime grosses avec de grands cadrans lisibles. D’un style sobre, comme les IWC.

L. B. : Moi aussi, j’adore les IWC. Pourtant, jusqu’à 16 ans, je ne portais rien au poignet. C’est mon grand-père maternel qui m’a offert ma première montre. Elle était noire et blanche, mécanique. Et elle m’était très utile. Je venais tout juste d’entrer au centre de formation de Montpellier et j’en avais vraiment besoin pour respecter les horaires des entraînements et des matchs...

Z. Z. : J’ai découvert la culture horlogère en Italie. Pour tout dire, c’est M. Agnelli qui m’a tout appris. On l’appelait l’Avvocato. À la Juventus de Turin, quand il débarquait à l’entraînement, tout le monde s’arrêtait de jouer. Et tout le monde trouvait ça normal – comme avant à l’école, quand le directeur entrait dans la classe, tout le monde se levait. On rencontre toujours dans la vie des hommes marquants avec une énorme personnalité, une aura. M. Agnelli faisait partie de ceux-là. Tout ça pour dire qu’Agnelli, il en connaissait un rayon sur les montres. Il portait toujours la sienne sur la manche de sa chemise. Pas pour l’exhiber, non, juste parce qu’il était différent. D’ailleurs, il lui arrivait d’en porter deux à son poignet. Je me souviens aussi d’autres anecdotes qui m’ont marqué. Quand il nous arrivait de gagner à l’extérieur – à Rome, à Milan ou à Naples –, on rentrait à Turin vers 3 ou 4 heures du matin en avion. Le matin, à 6 heures précises, il m’appelait pour me féliciter. Le coup de fil ne durait que quelques minutes et j’étais complètement endormi, mais le simple fait d’appeler était élégant. C’est à Turin que j’ai compris que dans le football – et cela doit être vrai pour tout le reste aussi – la victoire est plus importante que tout. C’est à la Juve que j’ai appris à gagner. Là-bas, il fallait gagner tout le temps pour exister, presque pour continuer à vivre. En ce sens, oui, pour un footballeur, un passage à l’étranger reste encore obligatoire. Pour rester « aware » comme dirait l’autre. Mais pas seulement. En tant que footballeur, en tant qu’homme, il est important de bouger, de changer. D’avoir de l’ambition. Et Agnelli était l’incarnation de tout ça. Il m’a inspiré, oui. Il montrait l’exemple par son comportement, sans dire les choses. Et cette inspiration-là, j’avais envie de la retranscrire sur le terrain et en dehors. C’est en Italie, quand je jouais à la Juventus de Turin, que j’ai tout appris en terme de style. Et je vais vous faire une confidence : c’est l’Avvocatoqui m’a appris qu’une montre se portait au poignet droit, pas au gauche. C’est ça le style.

Le rapport des hommes à la précision et à la ponctualité en dit beaucoup sur leur personnalité. ARSENE WENGER 

A. W. : Il y a les montres, d’accord. Ce sont de beaux objets. Mais ils racontent surtout – à mon sens – le rapport des hommes au temps. J’irais même un peu plus loin : le rapport des hommes à la précision et à la ponctualité en dit beaucoup sur leur personnalité. Moi, j’ai horreur d’arriver en avance, mais je ne supporte pas d’arriver en retard non plus. J’ai été élevé dans un village. Étant jeune, il m’arrivait de travailler dans les champs. J’ai une approche très terrienne de l’heure et du temps. J’ai été éduqué dans le respect du cadran solaire. À midi, les cloches de l’église sonnaient. C’était l’heure du casse-croûte. Ce discours peut sembler complètement en décalage avec la réalité d’aujourd’hui où le temps est synonyme de performances, de vitesse et d’argent. Et pourtant, j’ai été éduqué de cette manière.

Z. Z. : Pour moi, le respect de l’heure est une question de mentalité. La ponctualité est la première des politesses, non ?

L. B. : Clairement, oui, on parle ici de politesse. Et pourtant ! Les joueurs professionnels sont parfois de grands enfants qui aiment jouer avec le feu. Quand j’envoie mes convocations pour les rassemblements de l’équipe de France, je donne une heure de rendez-vous précise en indiquant qu’il y a par exemple la possibilité d’arriver entre 12h et 13h. Eh bien, croyez-le ou non, un certain nombre de gars arrivent systématiquement au dernier moment, voire un peu après. Avec toujours des excuses plus ou moins crédibles. Ils portent des montres coûteuses pourtant...

A. W. : Il m’arrive de regarder ce que porte un homme au poignet pour essayer de mieux cerner sa personnalité. J’analyse furtivement la manière dont il est habillé, sa façon de se comporter seul et en groupe. Et puis je regarde sa montre. Je veux d’abord savoir s’il en porte une. Ensuite, si c’est le cas, je tente de déterminer son style. Car, au-delà d’être un bijou ou un outil fonctionnel, la montre est un objet d’aisance naturelle. Personnellement, je n’aime pas les trucs mastoc, trop gros, trop voyants. Comme dans le football, je recherche la finesse dans l’horlogerie, la simplicité et l’efficacité. Séguéla a dit que ceux qui n’avaient pas de Rolex à 50 ans avaient raté leur vie. Je trouve ça complètement ridicule.

L. B. : Je dirais aussi que la matière compte beaucoup. J’ai du mal à assumer l’or, je préfère les montres en acier. Arborer une grosse montre en or à son poignet, il faut quand même oser, non ?

Il y a deux sortes de gars : ceux qui au fil d’une carrière peuvent perdre l’amour du jeu et ceux qui garderont toujours cette passion inaltérable du football. Zinédine et Laurent font partie de cette deuxième catégorie. ARSENE WENGER

L'AMITIE...

Arsène Wenger acquiesce du regard. Il est sur la même longueur d’ondes que le coach des Bleus. Zinédine Zidane semble un peu ailleurs, comme pris dans un tourbillon de souvenirs. On sent bien qu’il pense à autre chose. À quoi ?

Z. Z. : Je pense à un moment bien précis. Lolo, c’est lui qui m’a accueilli en équipe de France et m’a donné mon premier ballon de but chez les Bleus à Bordeaux. C’était contre la République tchèque, en août 1994, à Lescure. J’étais rentré à la 63e minute de jeu. On perdait et quand je suis rentré sur le terrain, Laurent a tout de suite enchaîné sur les changements tactiques à effectuer (au final, les Bleus ont décroché un match nul 2-2 grâce à deux buts de Zizou – ndlr).

A. W. : J’ai beaucoup de respect pour les joueurs de la génération de 1998. Zinédine, je t’ai vu débuter à Cannes. Tu ne t’en souviens peut-être pas, mais moi oui. Et Laurent, on m’avait parlé de toi quand tu étais cadet en Ligue du Languedoc-Roussillon. Je me souviens qu’un recruteur m’avait dit qu’il fallait absolument que je te rencontre. Il y a deux sortes de gars : ceux qui au fil d’une carrière peuvent perdre l’amour du jeu et ceux qui garderont toujours cette passion inaltérable du football. Zinédine et Laurent font partie de cette deuxième catégorie. Ils n’ont pas trop changé. Ils ont même plutôt bien évolué dans la vie, non ? Et puis, ils aiment le foot. Ils savent que tout cela n’est qu’un jeu.

L. B. : J’ai tellement de respect pour toi, Arsène. Quand on parle d’amour du maillot, je pense toujours à toi. Or, cette valeur n’existera peut-être plus dans 30 ou 40 ans. En tant que sélectionneur de l’équipe de France, ma philosophie est entièrement basée sur le retour du jeu.

A. W. : La mienne se fonde sur une vision optimiste de l’homme.

 

Zizou écoute. Il ne dit rien. Et sourit, avant de partir. Heureux.

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